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Océan boulevard

9 Décembre 2019 , Rédigé par Jean-Louis Bec Publié dans #Océan boulevard

La série Océan boulevard appartient au neuvième groupe de séries. Ce groupe s'intéresse à la présence de la Nature dans le milieu urbain et traite en particulier de la recolonisation par la végétation ou autre élément naturel des zones urbaines délaissées. Océan boulevard s'est intéressée aux bords de mer qui n'échappent pas, l'hiver, à cette reconquête partielle et temporaire de l'espace par la Nature. Végétation, sable, effets du vent logent en effet là le temps d'une saison morte pour les Hommes. 

Autre série de ce groupe présente sur ce blog: Chemins de traverses.

Pour avoir une vision complète de la démarche suivie par ce blog, connaître les liens que présentent les différents groupes de séries entre eux et ceux qui le rattachent au blog "Natures cachées", se référer à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.

 

Les photographies ont été principalement prises à Vieux-Boucau en 2016 et 2018.

Les photographies ont été principalement prises à Vieux-Boucau en 2016 et 2018.

Extraits du texte et des photographies de la série Océan boulevard

 

Le sable naît de la coquille brisée du vent, de la roche amoureuse qui roule avec la mer, de l'eau quand elle se lie à la terre.

Les maisons le connaissent et chaque année c'est comme si elles l'attendaient. Car  chaque hiver il est là,  il les serre, les borde, les berce et les réchauffe. Seul alors il remplace les hommes partis on ne sait où. C'est un fluide, une mouvance chaude, de cette chaleur douce que donne la mer quand elle veut garder et sauver. Le sable aide les maisons, conserve pour les hommes les traces et les gestes, les paroles et les élans, les bonheurs et les angoisses, tout ce qui s'incruste, tout ce qui passe et s'évapore, tout ce qu'on maintient ou extirpe de sa vie.

Le sable garde les passages, les trajectoires de tout un chacun. Non à sa surface, la surface n'est pas la peau, elle n'est rien; la surface est une aire où se battent les forces, l'hiver avec un reste d'été, la pluie contre un reflet de chaleur, le grain contre l'endormissement des nuages. Le temps y file en criant et fouettant à tout rompre. Non, le sable, c'est par en dessous qu'il faut l'approcher, le voir. C'est dans le profond de sa chair que se façonne le contact avec les traces abandonnées. C'est là qu'est sa tendresse, son attention, c'est là que se déroule l'alchimie du temps, soignée et bercée longuement.

Car dessous, le sable endort, veille, surveille; un marchand de sommeil pour qui chaque chose ne doit rien perdre et oublier d'elle même. Grain à grain, le temps est arrêté pour se lover, sédimenter; temps fossile à l'oeil de momie, cyclone apaisé sur son cercle parfait. Le temps ne passe plus et se passe de tout. Oublié le sablier sous le sable.

Dans ce temps-là, pendant ce temps-là, tout  reste bien à sa place. Tout est en ordre dans la matrice, dans ce château souterrain qui enchante. Tout ce qui concerne les hommes, les objets marins et leur voix marines communes. Tout. La grande sableuse conserve et ne fauche rien. Dehors le roulement des vagues, le roulement de la plage, le roulement agité entre ciel et mer. Dessous, le sable, grains de calme et de sagesse, rend son sablier pour poser un regard tranquille sur un  temps survivant affûtant dans la paix de ses songes les germes d'une prochaine renaissance.

(...)

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