droit de cite
Droit de cité
Le goût de l’altitude
Quand au coin d'une rue deux grands arbres tendus créent l'infini et embrassent le monde, toute raison ici laisse aux corps le corps de son absence.
Au front de chaque mur s'ouvre, pour tous les arbres, le voeu d'un ailleurs caressant. Des appels bourdonnent, vibrent d'une nouvelle traversée où se révèle un monde.
Epars et sans limite les mots de tous accordent haut la voûte sonore grande ouverte d'une seule bouche rieuse.
Droit de cité
Travers
Incliné sans s'incliner, l'arbre, mis à la porte, se penche sur ses droits, taille des obliques aux bons chemins qui passent.
En force pour la folie douce avec dans l'"f" un plus de feu ardent, dans l'"o" un désir vrai de vivre et d'étreindre, de dire haut en boucle avec le "l" ce "i" pressé de nudité sanguine, ce "e" à qui être muet ne dit plus rien.
L'arbre, à la porte, taille des obliques, prend tous les droits, survole les chemins.
Droit de cité
Fixation
L'arbre pousse des épaules au dessus de la terre. La tension lui dicte et lui donne ses bras. Une sortie par le haut est sa feuille de route. Forçat de ses songes de voile, de vergue et de mât, le départ ne pleut sur lui qu'en souffles immobiles. Qu'importe.
Il pousse des épaules et le bleu, là haut, ce bleu de toutes les mers, l'incite à ne pas renoncer et l'entraîne déjà.
Droit de cité
En Bataille
Une bordée de murs couche même les ombres. La colère des arbres déborde. L'écume aux lèvres de ses fûts elle marche vent debout au pas crochu des hélices branchues de ses vaisseaux. L'ordre de bataille est donné .
Mais là, sur un autre mur. Là, un vertige, un souffle d'incrédulité, le ruissellement d'un feuillage de saule, la bascule en longues caresses des horizons de l'ombre chatouilleuse.
Une lumière chuchote à l'oreille. Le plan minéral brille, parle flou d'un désir chevelure, d'une chute cambrée en légers pointillés. Tout mouvement approché est un réel trait d'union.