droit de cite
Droit de cité
ADN ad libitum
Avec des "si" je scinde les longs discours.
Si j'entrevois le mur qui n'est plus un mur, si j'entrevois des arbres qui ne sont plus des arbres, je serre de près cette frontière de mur-arbres, ce front dur de chimère au bois vivant sa génétique neuve.
Arbre-mur dressé dans l'hybride en un seul patrimoine, la ferraille de ses branches arbore un chantier de ciment nervuré.
Si avec des "si" je scinde les longs discours, je prends des i-mages de ce monde qui peu à peu emporte tout.
Car j'avale moins que je ne crache l'embrigadement des arbres dans la section carrée, la chlorophylle à la plastique dure et pas assez craquante comme tout le métal mordant des bouches trop rangées et vite refermées.
Sur le goudron mon pas mis à nu comme un os foule parfois un peu trop solitaire le lisse des esprits amputés.
Droit de cité
Silence on tourne
Les arbres, les fenêtres. Les arbres dressés, nus face aux fenêtres écarquillées qui défilent. Leur enlacement colle à la peau frémissante de chaque graine d'image.
Alors moi, photographe et lecteur d'images, pour une fois j'hésite.
Arbres-objets ? La ville déshabille les arbres, les décortique petit bout par petit bout jusqu'au résidu sec de leur ultime humiliation, du refus de l' essence de leur vraie existence?
Arbres séducteurs? les arbres fendus de sourires ont le levier bien en main pour capturer la ville. Une leçon de vivant pour faire saisir l'esprit unique de leurs corps?
J'hésite mais j'ai déjà choisi. L'arbre, ce séducteur à défendre, m'a conquis bien avant les autres.
Droit de cité
Thoracique
De loin l'arbre, l'immeuble, se déploient avec hauteur. Alors je grimpe, sans compter, quatre par quatre. Le coeur à la bouche martèle le voeu pour qu'ensemble ils ouvrent en grand, entre eux, toutes les portes possibles.
Authentique, photosynthétique, l'arbre, demeure l'axe thoracique, le déroulé vertébral de notre respiration.
Le recueil des fantômes
Dans la ville, étendre la douceur, approcher, refermer les yeux sur les images errantes des êtres de néant centrifuge. Les coucher dans la chaleur d'un souffle de mémoire, délicatement les maintenir, les soigner, qu'ils se redressent un jour au-delà de la brume qui les habite pour vivre un réel présent choyés par des racines neuves.