morphisme
Morphisme
La série Morphisme appartient au onzième groupe de séries. Ce groupe traite de la ville, de ses bâtiments, de ses espaces libres, de ses entassements, de ses hauteurs. La série Morphisme s'intéresse au devenir de la ville pendant la nuit et tente de cerner son visage nocturne. Que nous apprend-elle de sa fausse obscurité, que nous suggère-t-elle?
Autres séries de ce groupe présente sur ce blog: L'attente des fissures, Le silence traversé.
Pour avoir une vision complète de la démarche suivie par ce blog, connaître les liens que présentent les différents groupes de séries entre eux et ceux qui le rattachent au blog "Natures cachées", se référer à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.
Morphisme
La nuit est métamorphose.
Elles est naissance, mort, renaissance, une course inépuisable qui nous percute, nous inquiète, nous séduit parfois jusqu'à nous révulser.
Sinusoïde sombre, elle s'insinue, malmène, malaxe.
Le ciel, les gens, les villes, tout.
Elle joue en se jouant de tous, gomme, rajoute, dissimule, pose un éclairage neuf, montre et abolit, les apparences, les différences.
Invente.
Quand elle crée, recrée, l'ombre dans l'ombre n'est alors plus une ombre.
Le profond transparaît au grand jour, lui si transparent quand il nous habite comme il habite nos villes, quand il court sans fin dans nos artères communes, nos organismes urbains.
La nuit, nous sommes des solitudes.
Apeurés, reclus, ou monstres jouissant de l'être.
Monstre et peur du monstre liés dans une même boîte noire.
Nous parcourons le profond des réseaux souterrains, les miasmes et les impasses des cerveaux, têtards aux pensées pulsionnelles, gavées de secrets mal gardés.
Nous, la ville, embarqués hors des contrôles routiniers, dans les flux soujacents des angoisses et des désirs.
La nuit est mutation, déstructuration, restructuration.
Une nature recomposée par des poussées nocturnes qui malmènent et confortent.
Si les photographies captent, révèlent, elles vivent aussi au gré de ces divagations qui broient, dénaturent, décousent.
Au coeur de chaque image les pixels se désolidarisent, s'en vont, dispersés dans la nuit, leur unité en berne prête à se retrouver, plus loin, ailleurs, différente.
Le grain de l'image tient de cette réalité, le flou, de cette hésitation, le contraste, de cette dureté des choses toujours en voie de recomposition.
Qui sommes nous la nuit? Nous, nos villes, nos images, entités transformées, recrées, libérées, liées dans une même et absente logique.
les arbres passent
sur leur vie tronquée
buisson en tête
décortique la nuit
la sève de mes jours
et leurs rues sans adresses
le futur a une poignée d’ombre
pour saisir les deux mains