Venue d'un visage (2)
Parfois les mots s'échappent, se tiennent, se retiennent, phrases serrées des étreintes, jeux des sens mêlés en tous sens, construction foisonnante des divers passe-passe, en pousse-muraille. Le mur alors en croissance vibrante, une chaleur qui se dresse, lie comme un ciment; le mur alors germe de maison, construction, oui, arrêt de construction aussi, plus tard. Déconstruction à grande hauteur de briques. Mots déviant qui se défient, défigurent, la sape des cicatrices, les ruptures multiples, l'ouverture des plaies. Le mur demeure mur sans mûrir sur ses racines; immature, froid, seul, seulement cerné par les séparations, pour n'être que séparation.
Enchaînement de nos dispersions dans l'épaisseur des signes; cercles incessants qui nous mènent de leur vol dérivant à travers les mots les images. Cet intérieur du temps nous serre de près, fait toujours s'effondrer à la longue nos distances les plus minimes. C'est lui qui choisit pour nous les lieux l'imprévisible de notre fragilité.