Copains comme cochons
Mais revenons à notre société, au statut qu'elle accorde au cochon. Lutter contre cela est le but des photographies présentées ici. Détruire la représentation de l'animal-machine à viande pour restituer à l'animal ses qualités propres, ses émotions, ses astuces. Lui rendre sa véritable image d'être vivant, le voir enfin gai, triste, doux, timide, coléreux, agressif, tranquille, joueur, gourmand... loin des enclos sordides, loin des parcs orchestrés par la mort la plus affreuse. C'est cette résurrection, cette reconnaissance honnête de leur caractère que cherchent à montrer les photographies. Une réhabilitation pour qu'on le considère enfin comme un animal sensible, expressif, vivant à travers ses regards, ses mimiques, ses mouvements. Que de nouveaux liens soient révélés possibles entre le cochon et l'Homme.
Surtout ne pas voir dans cette tentative d'"animaliser" ou mieux de "désobjectifier" le cochon par quelques adjectifs et quelques images, une projection purement anthropomorphique. Comme je l'ai rapidement signalé en début de texte, cet animal a été le sujet d'études éthologiques sérieuses qui ont décrit de nombreux comportements. Comparés à d'autres espèces animales telle que le chien par exemple, il a été jugé intelligent, capable d'empathie envers ses proches avec qui il est très soudé affectivement. Il se révèle altruiste pour délivrer un congénère tombé dans un piège, possède une bonne mémoire et une bonne orientation spatiale, parvient à utiliser des outils tels des bâtons pour creuser un nid. Il passe également le test du miroir et a donc conscience de ce qu'il est et se montre capable de trouver de la nourriture grâce au reflet. Le cochon apprécie les stimulations mentales, aime se dépenser, résoudre des problèmes quand on lui propose des exercices avec jouets (David Durand in Nos préjugés envers les animaux, psychologie et éthologie, humenSciences, 2024)