Copains comme cochons
Quand donc notre société rendra-t-elle leur dignité aux cochons ? Quand donc reconnaitra-t-elle leurs qualités, leur finesse animale, leur statut d'êtres vivants sensibles ? Quand donc abandonnera-t-elle sa vision anthropocentrique pour procéder à sa réhabilitation, faire évoluer dans le sens positif ses représentations, abandonner son objectification qui justifie hypocritement la cruauté qui l'accompagne ? Quand donc développera-t-elle cette empathie nécessaire à la considération de l'animal, à la reconnaissance et au respect de ses systèmes émotionnels ? Si bien sûr tout animal a droit au respect et l'évitement de toute souffrance par les Hommes, on pourrait s'attendre à ce que le cochon, compte tenu de ses potentialités, puisse d'autant mieux susciter de la sympathie, de l'empathie. Il y a avec lui comme avec des animaux tels le chien ou le chat une proximité relationnelle à développer, une entente, des liens forts à établir, une complicité à construire. La distance phylogénétique entre les deux espèces, celle de l'Homme et celle du cochon, peu importante si l'on considère la grande diversité de l'ensemble des espèces animales, permet cela. Alors qu'attend-on ?
Les questions restent posées. Si parfois des réponses encourageantes émergent elles demeurent souvent embryonnaires. Tout travail sur les représentations, surtout quand elles sont très anciennes, est long, couteux en énergie, en volonté, se heurte à des réticences, des moqueries, des menaces. Toucher aux représentations revient à forer des fissures dans la société, à tenter des déstabilisations partielles, des révolutions ponctuelles, mentales, matérielles. Quand ce travail, dans sa finalité, souhaite remettre en question un système d'exploitation animale, il trouve sur sa route quantité de freins et d'obstacles. Chantages à l'emploi, à la destruction présumée des élevages, à l'effondrement soit disant incontournable de l'économie de la filière. Arguments bien huilés du monde cruel et sans scrupules, méprisants pour l'animal comme pour l'humain. La rentabilité économique construite sur le mépris et la cruauté envers le vivant, demeure en effet une des lies tenaces de notre société.