Copains comme cochons
La domestication commence par la capture et l'enfermement. S'en suit l'évaluation froide de l'animal, son utilité potentielle pour les humains. Pas de chance pour le cochon, sa viande est appréciée et comme il est facile à nourrir, qu'il grandit et grossit rapidement, se trouve naturellement en bandes ce qui facilite l'enfermement de groupe, qu'il peut aussi être apprivoisé et dominé, il devient une source de viande facilement accessible.
Dès lors le terme de domestication n'est plus adapté pour décrire le sort de l'animal. Très vite, à travers l'Histoire et encore aujourd'hui, il est dépossédé de toutes les particularités de son existence, de son statut d'être vivant, d'être sensible et astucieux, de toutes ses qualités cognitives et émotionnelles, propriétés pourtant largement reconnues de nos jours par l'éthologie.
La domestication s'efface rapidement devant l'exploitation pure et dure de l'animal. La notion de rentabilité dans la production de viande aboutit très facilement à des extrémités. Considéré comme étant une machine à graisse et à protéines il est violemment objectifié par un anthropocentrisme cruel et sans scrupule. Le bout du bout de la cruauté, sans cesse en vigueur au cours de l'Histoire, est atteint avec le développement de l'élevage industriel. L'animal déjà principalement vu comme un objet perd dans ces conditions extrêmes le peu du statut d'animal qui lui restait, s'il lui en restait encore. Les conditions de détention sont horribles : manque de place, de mouvement, fort entassement des individus ce qui augmente le stress et l'agressivité, mauvaise nourriture, absence de lumière du jour, manque crucial de propreté des enclos qui ne sont que très peu nettoyés ; les animaux demeurent et se couchent dans leurs excréments. S'ajoutent à ceci les conditions des longs transports réalisés sans boire, sans manger, entassés dans des camions en pleine chaleur en été ; les modalités d'abattage sont aussi particulièrement cruelles : ébouillantés les uns devant les autres, projetés contre des murs, égorgés sans étourdissement. La liste est longue et tous ces actes sadiques sont, de nos jours, heureusement dénoncés par des personnes de bonne volonté respectueuses du vivant (voir les travaux de l'association L214). Mais il reste tant à faire encore, tant de monde à convaincre, tant de considérations sur la rentabilité à faire remettre en doute...