L'attente des fissures (16)
les voiles
évadées à perpétuité
elles débarquent sans crier gare
nous prennent dans leurs flancs
explorateurs grand large de nous-mêmes
longues courses entre nos pôles
entre nos joies déchirées ou non
nos pavillons noirs de chute et de colère
nos chimères
nos songes entre deux eaux
nos îles
nos regards battant
là où elles se réinventent
et épèlent le vent
les voiles parfois
meurent pour nous sauver
nous laissent
face à nos vies quotidiennes
sans rien imaginer
L'attente des fissures
villes obscures
sans tremblement
mais lèvres souvent closes
désirs égarés
au vécu magnétique
sur un web survolté
nous passons dans leur froideur d'hiver
hommes en végétation
dipôles organiques
pour d'un geste tendre
et pur
toujours inachevé
tenter d'électriser en nous les racines du monde