Droit de cité (2)
Mots d'emprunt
Les hommes parlent parfois avec des mots d’arbre. Certains égrènent en écrivant une langue parfois chargée, franchement verte, d'autres se servent d'une langue de bois en espérant qu’elle porte ses fruits, d'autres encore prononcent des paroles branchées qu'ils écrivent en gros sur une feuille, mais tous racontent et parlent de leurs racines avant d'être mis en terre.
Mots que je souhaiterais d’écoute, d’entente, en phrases lianes des mains serrées, libres et amicalement attachées. Ils le sont pour certains hommes. L’attache des mots alors en taches sur le mur. Mur d’encre et de sève. Le fluide d’un tel contact a la souplesse colorée d’une porte vivante grande ouverte.
Droit de cité (2)
La double vie des contraintes
Une violence froide met les corps sur les dents. Etirez-vous, étirez-vous jusqu'à portée de ciel. Poussez, poussez, martèle la ville.
Ne poussez pas, ne poussez pas. Retirez-vous, retirez-vous jusqu'à abandonner le ciel, répond alors la ville. Une violence froide met les corps sur les rangs.
L'enfermement délibéré est un délit de mort libérée.
Droit de cité (2)
Traits tirés
Un arbre, recroquevillé face au mur étiré par de grands traits droits d'insolence rouge. Un arbre à mes côtés et une attention que le sang tient et tend, qui saute ente les lignes pour que je commence à dire ce qu'il me pousse à dire dans toutes les longueurs ; le calme sans sommeil, les choses invisibles, ces choses traversées qui nous traversent sans bruit en fiction de plastique, des choses en perte lente aussi, toutes les choses relâchées en crevasses et fatigue de rides, en blessures qui baillent ; les choses trop tenues aussi pour les connaître encore, toutes les choses en morceaux qui s'écartent de nous.
Droit de cité (2)
Passage en forme
J'avale moins que je ne crache l'embrigadement des arbres dans la section carrée, la chlorophylle à la plastique dure et pas assez craquante, le métal mordant des bouches trop rangées et vite refermées.
Sur le goudron, mon pas mis à nu comme un os foule parfois un peu trop solitaire le lisse des esprits amputés.