Venue d'un visage (2)
Comme le fil tendu d'une sirène, le marteau sans le coeur, la parole crachée d'une bulle tranchante, ce qui vient sans le vouloir vraiment, morsure d'intérieur en perte de fenêtres. Ton visage se ferme, ton visage de fer. Une hache s'abat.
Quelques mots entre nous. Un échouage violent s'éprend de nos paroles avec par-dessus tout le vide pesant de grandes vagues sombres, l'interminable froid où dissoudre la mer. Quelques mots entre nous jusqu'à l'éloignement fracassé de brûlures, la dispersion en apnée de nos points.
Venue d'un visage (2)
Ce lieu, notre lieu, est un concentré d'espace aiguisé, un sombre pesant à masse d'océan, la boucle fermée d'un chemin qui nous tient égarés. Il est la fin de toutes nos certitudes attachées à nos traces.
Une stridence dure se mêle à nos ténèbres, sature. L'effondrement nous envahit, nous fige, se suture. Le tumulte des sens se forge des rayons. La roue tourne sur nous, dents dehors en dedans. Pourtant, encore, la main tendue d'une sérénité possible, d'une tranquillité où le sommeil murmure et se souvient.
Venue d'un visage (2)
Un jour le bleu nous quitte, saute par la fenêtre, recherche les couleurs en vie où s'ébauchent les autres hommes, les autres femmes, joueurs en têtes, en fêtes, construits en force et en regards. La rue, maintenant, est une roue qui poursuit ailleurs notre récit, un moteur tout en mots et tremblements de murs.
Filtre pour un monde dur à hauteur d'éclats. Un mur se tend en nous, nous laisse en suspens. Nos songes serpentent seuls en profondeur pour nous tenir debout. Déroulement des jours à la sortie manquée, l'éloignement sur la piste des grandes vitesses maintenant à découvert. L'espace a assez d'infini vide pour apparaître devant nous.
Venue d'un visage (2)
Beaucoup plus tard, seul, le caractère imprimé de brûlures et de bruits graves, emporté je ne sais où par des chemins qui courent autour de moi dans un tâtonnement de ferraille, cette histoire parfois me double, redouble, égoïste et chargée, rechargée, sans la sécurité.
La vitesse tourne en ville, double, redouble de noirceur, parle en aveugle par les bouches automatiques des portes aux vies des pas bien formatés. Force qui fuse pleinement déployée centrifuge pour faire courir loin d'elle, dans leur nudité, les moins solides sur leurs jambes. Je cours parmi eux, ligoté par ton ombre.
Venue d'un visage (2)
Jusqu'au ras des yeux la vibration floutée du silence, la poussière des mots et des couleurs. Rien d'autre maintenant qu'un reste de sourire bleuté à porter en pendeloque.
Dans la ville limpide aux paupières closes, l'évidence première du temps calme tel un balancement de visage rêveur. Pourtant, la perte de la connaissance du jour émerge parfois en reptations mordantes. Je garde pour moi l'empreinte de ces images, cette nudité des sentiments blessés révélée par un songe urbain décortiqué.