La mécanique des arbres
les arbres à tombeaux ouvert
tu sais
ils tombent souvent seuls
sans reflet pour les retenir
la terre nourrit leur néant
le ciel referme le sien
ils tombent
sans trembler
la pesanteur ligote aussi les fantômes
pourtant tu sais
ils se tendent
ils essaient
griffe amère en avant
une griffe vivante
une griffe métal
forgée contre le métal
mais tu sais
ces déjà morts
mordent des mécaniques mortes
têtues sans tête
et sans retenue
et ces morts
il en est beaucoup
coups de butoir des routes
du fer et de sa vitesse
coups de butoir
des trouées à perte de vert
coups de butoir...
l'abattement
l'abattement
les cogne en aveugle comme une hache
La mécanique des arbres
hors
il est là partout
le cadre mécanique ronge le fond des yeux
désaxe
les rondeurs du globe
la course muette
de sa langue vibrante d'infini
affranchie du grand noir
arbre
claque
les regards
reprends là
tes forêts
et sème au loin le futur
à grande vitesse
verte et sombre
donne la main
au bois
épanche des nervures
nuée croissante des hauteurs
d'un chaos vertical
la lumière chlorophylle
vit nue sans mur et sans fenêtre
Droit de cité
A mes souhaits
Le parfait de la rondeur de la Terre chute quand elle s'élève trop construite, quand elle aspire à des hauteurs de bâtiments avec trop de hauteur, quand elle étire ses fibres lisses pour tisser, d'un sommet fermé comme d'un effondrement d'arbres, sa rupture d'orgueil avec le ciel.
Ce béton planté là, ce bâtiment, ce dé à en découdre que je désigne et tiens au bout de mon doigt, je pointe et révèle pour lui la grande patience des brindilles, l'espoir des feuilles et des branches mutilées de l'arbre meurtri à ses côtés.
Je pointe cela avec l'espoir du retour de l'unité des choses, quand le choix du mieux vivre couvrira enfin l'édifice de la chaleur frémissante de branches toutes fraîches.