L'attente des fissures (13)
parfois dans la ville
cette impatience
qui ne peut qu'essayer
quand la mer nous invente
les mots prennent
le large
avec un goût de lime
accrocs d'escrocs
qui croquent par la bouche
les constances citadines
des intérieurs étroits
L'attente des fissures
endroit
où l'envers se projette
en défi à la mort
tête
lourde irriguée d'images
ouvre découvre
dans l'inversé
un neuf bourgeonné de sensible
une signature de monde chiral
passe-passe de miroir
au clin d'oeil de douceur
révérence feutrée
d'un essaim de fragile
vie délicate qui comme toujours étonne
de n'être presque plus
mais qui demeure encore
L'attente des fissures (14)
un soleil de noirceur
luit
de sa meilleure huile
ciel frit vapeur
de galette trop cuite
soudain
dans la suprême vision saturée de chaleur
la mer la mer
apparition qui sauve mais qui reste à sauver
plombée par le béton
d'une violence allongée
qui coule vers son ventre
comme écume jetée
un soleil de noirceur luit
L'attente des fissures
je ne suis pas seul
plusieurs moi essaiment
sèment leurs empreintes
à grands pas sur les chemins de ronde
plusieurs dans l'unité
virevoltent à perte de temps
se cherchent
cherchent
surveillent
en tous sens
par le doux et le cinglant
le sens
l'équilibre juste de la ville
celui qui se joue là parmi tous ses contraires
L'attente des fissures (15)
grillages
murs barreaux
grilles en tous genres
portails
panneaux
la ville divise
éloigne
isole
mais la lumière
si vive
rieuse
la lumière s'en moque
et se mêle de tout
L'attente des fissures
je porte
les lèvres closes
d'une géographie sans eau
la fatigue de la terre
et ses grands cernes noirs
la faiblesse des îles souterraines
par oubli de la mer
la marche fossile des animaux
profondément enfouis
je porte
trans-porte
le voeu la porte verte
le vertige fou qui forme
et transforme cela
par dose de chlorophylle
par dose de chlorophylle