l'attente des fissures
L'attente des fissures (10)
un continent entier lisse ses pierres neuves
glisse sur ses couleurs de peau
glisse ses couleurs sous nos peaux
des terres poussent au creux des mains
un continent s'ouvre
fait croître nos paroles
s'entête jusqu'aux coeurs
un mystère bouillonne sur sa ligne
pour nous
se sentir vivant est prêt et a son heure sur lui
L'attente des fissures (11)
le tunnel mange son œil
la fuite entraîne
les éclats de sa course
les vols de lumière rappelés par le ciel
filent froids
loin de nos certitudes
nous ne savons
presque rien des tendresses premières
étoilées au velouté des chairs
nous ne savons presque rien
dans cette ville armée
de béton noir sur le sensible né
l'amour lumineux
nous quitte
semant au profond de nos stigmates
des corbeaux luminescents de brillant désespoir
L'attente des fissures
figure de molécules
lire pour et sans
rire voir et savoir
inventer
ce qui s'évite
à travers le vert
l'or le gris
trois couleurs avec ou sans
douleur pour
une vie tripartite
doux leurres des étapes
en cours
course en avant
avant la fin du
fin
la fin
découvrir
se découvrir
nu dans le trip
du triptyque
fondamental
le béton donne le ton
me descend
en flammes
percé à jour
dispersé
poussière qui tousse un peu
molécules écumantes
râle de spirale
ADN sans gêne
qui s'affiche
et s'en fiche
mes gênes plein les yeux
avides de miroir
L'attente des fissures (12)
l'électrique sans borne
ronge sa pelote d'homme
aimer
aimant
relèvera sa vie
bien au-delà des pôles
d'un bonheur à son pic
au flux libre ondulant
le goût de renaître fuse d'un goût de foudre
en pleine cible
électrochoc
L'attente des fissures
tout un métal de pluie
s'abat en machines
le livide en ville
code en tranches stériles
censures à ascenseurs
et sueurs d'automates
d'un neurone trop froid
un jeu épileptique
formate en PIB
tout ce qu'il ne voit pas
sourire moqueur d'une image
à l'obstination sensorielle
tu balances tes souterrains
de sens et conter-sens
projette
te jette bientôt dans la mêlée
pour en découdre
ce qu'il reste parfois
des humeurs citadines
voussure du temps rapide
et couleur de déluge
la mémoire centrée dans sa grandeur liquide
joue perdue comme à perte
la diagonale magique
la tête floue du hasard
l'équilibre sans suite
tout ce qui s'évapore
la bouche qui s'émeut
et se serre tout contre
les mots forgés à vif
sans absence possible
L'attente des fissures (13)
parfois dans la ville
cette impatience
qui ne peut qu'essayer
quand la mer nous invente
les mots prennent
le large
avec un goût de lime
accrocs d'escrocs
qui croquent par la bouche
les constances citadines
des intérieurs étroits
L'attente des fissures
endroit
où l'envers se projette
en défi à la mort
tête
lourde irriguée d'images
ouvre découvre
dans l'inversé
un neuf bourgeonné de sensible
une signature de monde chiral
passe-passe de miroir
au clin d'oeil de douceur
révérence feutrée
d'un essaim de fragile
vie délicate qui comme toujours étonne
de n'être presque plus
mais qui demeure encore
L'attente des fissures (14)
un soleil de noirceur
luit
de sa meilleure huile
ciel frit vapeur
de galette trop cuite
soudain
dans la suprême vision saturée de chaleur
la mer la mer
apparition qui sauve mais qui reste à sauver
plombée par le béton
d'une violence allongée
qui coule vers son ventre
comme écume jetée
un soleil de noirceur luit
L'attente des fissures
je ne suis pas seul
plusieurs moi essaiment
sèment leurs empreintes
à grands pas sur les chemins de ronde
plusieurs dans l'unité
virevoltent à perte de temps
se cherchent
cherchent
surveillent
en tous sens
par le doux et le cinglant
le sens
l'équilibre juste de la ville
celui qui se joue là parmi tous ses contraires