l'attente des fissures
L'attente des fissures (20)
une croisée d'espaces
articule nos songes
se défend
soulève
les bleus sans ciel
leurs empreintes fichées
qu'un béton véreux
fait grisonner en gouffres
un miroir pleine forme
est notre bouche riante
il nous espère
tisseur d'échelles hautes
chaleur à grand degré de liberté
couleur battante sans froideur
il nous espère ce que nous sommes
une croisée d'espaces où s'articulent nos songes
L'attente des fissures
pensée flash
court-circuit de paysage
une partie de la ville sombre dans la lumière
boule roulée en fond de gorge
dans le lointain de soi
la chute digestive
l'acidité des jugements
la désillusion de l'ordre
et l'entrée à toute volée
dans la remise à plat
du net du trop du bien
construit
dans la vision éclose
à grands battements de coeur
la ville enfin
en parure humaine
l'ailleurs et l'indicible
le détail où s'accrochent nos moindres bonheurs
l'imprévu vagabonde
recherche fin limier dans une masse d'espoir
la ville repensée
où il n'aura plus à être
L'attente des fissures (21)
d'une caresse de clin d'oeil
nous recueillons
un peu de liqueur d'ombre
dans le profond des choses
l'au-delà du visible
modulé de sensible
ombre essentielle
où penche la lumière
joueuse des fils où penchent les objets
tu es et tu demeures
réalité lucide d'une réalité sans masque
L'attente des fissures
craquements
poussée des radiations végétales
tapi dans sa poussière et ses géométries
le mode ancien aiguise la matière des villes
sa langue cristalline lèche
éveille tous les atomes lourds
du passé ancestral
la cité couve en elle
ces rayons bourdonnants de Nature rampante
et je suis
d'un doigt clairvoyant
cet univers reculé
méandres soufflés par la terre profonde
le retour est annoncé
L'attente des fissures (23)
sous la dure peau des villes froides
une lutte en voix foisonne
d'une germination clandestine de coeurs
une luxuriance en cours
pousse un à un ses pions chlorophylle
soldats volontaires
vous marquerez dans un futur présent
les carapaces barrières de votre sceau
de sauvage et d'amour
la chaleur ne peut attendre
parfois
des feux sans fumée
sont couvés par des villes
aux portes bien gardées
ouvertes
des portes de villes aux béances d'iris
des univers s'étendent là
attendent
lumineux dans leur respiration
un geste un soupir
une avancée un départ
des villes toujours
qui s'effacent en fond de songe
nous poussent
nous laissent
particules émotives
dans des espaces qui frémissent et se désarticulent
nous devenons alors ce que nous voulons voir
L'attente des fissures (24)
ils sont nombreux dans la ville froide
ces fragments perdus aux errances bleutées
ils sont nombreux
devant nos mains de douces paroles
alors par la force des éléments premiers
l'air l'eau le sel
nous reforgeons avec eux la ligne toute droite
celle de la grande rencontre éclaboussée d'avenir
de la grande vitesse et des frontières franchies
de la grande évasion
celle de la mer du ciel et de leur union sphérique
l'horizon ranimé s'engouffre
se love
dans les brèches de tous les ailleurs
la ville roule et s'ouvre
dans chaque esprit emporté