le silence traverse
Le silence traversé
la ville
sa fermeture mandibule
obtuse aigüe
grille qui griffe et grignote encore
les mots laissés par la vie des hommes
d’une écoute tronquée
je saisis
ce froid par sa lumière dure
un souffle pour l’éteindre
chacun des mots glissé sous un regard
remonte
le courant vers de possibles ouvertures
moi
la ville
dans la gravité de l’équilibre
Le silence traversé
c’est une respiration froide
l’étirement figé d’un hiver
bien fermé
une image s’arrête
accoste le présent d’un navire allongé
désigne son attente
où s’alourdit la ville
l’immobile attaché à toutes choses
sa blancheur qui ne fait que des ombres
et n’en fait qu’à sa tête
ces têtes de brume
où les hommes arrimaient
leurs profils de départ
le port corseté
la ville
maintenant en manque d’hommes
polit
longuement de ses courbes
l’os blanc de l’attente
Le silence traversé
dévoreuse
abandonnée
la ville est à la barre
pour conduire le vide
d’une seule pression
d’un seul appel de code
à la génétique de son histoire
les hommes la ville
déclaration
faire
se faire
défaire
refaire
s’y faire
amour
guerre
sur un pont de fer
déclaration
amour guerre
un même mot
pour les hommes la ville
le miroir
joue du couple symétrique
d'une ronde nerveuse de centre et de cerveaux