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les jeux sont faits

Les jeux sont faits (1)

30 Mai 2015 , Rédigé par jean-louis bec Publié dans #Les jeux sont faits

La série Les jeux sont faits appartient au quatorzième groupe de séries. Ce groupe aborde la jeunesse du citadin et les lieux où s'expriment les enfants, où ils peuvent s'exprimer. Il aborde aussi les lieux où se révèle librement le désir de jeu que possèdent en commun l'enfant et l'adulte. La série Les jeux sont faits s'intéresse ainsi aux fêtes foraines qui constituent des sites privilégiés où se libèrent, réapparaissent, par le biais de la contemplation ou de la recherche d'action des désirs enfantins bien présents quel que soit l'âge.

Pour avoir une vision complète de la démarche suivie par ce blog, connaître les liens que présentent les différents groupes de séries entre eux et ceux qui le rattachent au blog "Natures cachées", se référer à la page DEMARCHE dans la colonne de droite.

Les jeux sont faits

 

C'est cela au départ ; un espace qui se referme sur un sol libre et lisse, une place bordée de rues encombrées. Plus loin, des allées saluées par les arbres. Voilà. Tout part de là. Année après année. Un rituel de février qui flaire déjà le printemps et se glisse en force dans le calendrier, dans la ville et chez ses habitants.

Un matin ils sont là ; les forains sont là, ils construisent. Des volumes à croissance rapide se croisent alors sur la place et dans les rues avec agilité, se mêlent pour se rapprocher et parfois s'étreindre avec force. Une sorte de séduction calculée, une complicité pour des hauteurs à partager avec déjà en eux la certitude finale de liens fermes et forts. Un engagement pris entre les volumes de fer, de couleurs, de bruits, de musiques, de lumières, de rouages, de cris à venir, d'odeurs sucrées, d'envies et de plaisir. D'autres encore. Un matin, ils sont là et vous emportent sans même que vous le sachiez, déjà parmi eux sans que vous le vouliez vraiment.

 

Ensuite tout s'accélère. Un pas, un mot échangé, quelques jeux de lumière entrevus, et tout s'accorde pour vous y mener, tout s'impose pour vous faire marcher dans des traces de fête toutes faites. Des traces qui longent en droite ligne l'axe du temps, avancent, se retournent aussi, repartent à contre-sens, vers des contrées parfois oubliées mais bien présentes. Des choses tenaces qui appellent et répondent aux appels des couleurs et des bruits, ceux de la ville en effervescence, ceux de l'enfance réelle, ceux perçus par tous.

Tous.

Je suis parmi eux, je suis eux. Nos chemins se rassemblent dans une aspiration au jeu, à la couleur. Nous dérivons sur des terrains connus, toute perception ouverte. Je suis parmi eux et je les regarde. Jouer, voir, vivre. Je suis seul. D'autres sont seuls aussi, certains sont en groupe, en couple, en famille. Des combinaisons diverses qui, sur place, puisent leur énergie dans le désir de jouer, de prendre les attractions à bras-le-corps, ou bien dans l'attention et la concentration de leurs regards.

Je regarde et d'autres regardent avec moi. Si je les vois, eux ne me voient pas vraiment. Paradoxalement ce sont ces personnes regardantes qui me captivent le plus, celles qui sont presque immobiles, immergées dans le spectacle, qui sont prises, emportées, dressées au bout de leur regard, elles mais aussi, de façon moindre, toutes celles qui gravitent, momentanément ou pas, autour des attractions proposées par la fête sans pour autant y prendre part vraiment ; en premier lieu les enfants, leurs sauts de puces, leur gourmandise affutée et mordantes, leur agitation rayonnante, les adolescents aussi, aux groupes clos mais portés par les mouvements ambiants des couleurs, du bruit, de la musique, qui dérivent toutes vibrations dehors dans un partage intense et une entente vive. Mais même parmi les enfants et les adolescents il s'en trouve certains qui rejoignent le grand groupe calme des adultes spectateurs.  

Tous ensemble ils sont nombreux à demeurer ainsi debout, seuls ou non mais tous isolés et silencieux, captivés, capturés, à regarder, regarder, un nombre d'yeux incalculable sortis de leurs poches, pris dans l'envol, le manège et la magie des regards lancés, projetés, échangés entre eux aussi.

Ce qui surtout les fascinent, ce sont les jeux bien sûr, leurs décors, les gens qui jouent, qui ont choisi de suivre le désir fort de l'action, le plaisir de la force ressentie, tous ceux qui se mesurent à la hauteur nuageuse des nacelles, à la vitesse de leur vertige, au sérieux de la gravité, tous ceux qui cèdent au combat fictif, à la violence programmée en plein écran, ceux qui se battent, contre tout, contre eux-mêmes, ceux aussi qui mangent, rient, crient, paradent et se bousculent, partagent, s'évitent, se cherchent, s'embrassent, tous ceux qui sont embarqués volontairement sur un chemin d'émotions denses, pressés par le bruit et les couleurs d'un univers fictif et saturé, qui avancent pas à pas vers leur enfance attractive, remuante, gourmande, vivante, leur vrai squelette.

Le regard, ce lien qui nous unit dans le spectacle, nous conduit et nous emporte. Quand je regarde ceux qui regardent sans tenir compte de la direction de leurs regards, je vois leurs corps alimentés d'images, leurs esprits colorés qui montent à leurs fronts, le plaisir ou la mélancolie qui cligne de l'oeil aux coins de leurs paupières. Je sens en eux ce désir contenté par l'infiltration du retour rétinien, la métamorphose mentale du visuel en organique, en ébauches de rires, d'étonnements, d'émerveillements même. J'y lis aussi parfois le rappel de craintes réelles, de regrets aussi, la naissance et la persistance échevelée de songes suspendus, coureurs de fiction intrépides plus jeunes ou plus actifs.

J'y vois peut-être beaucoup de choses, rêves flottant à la forme imprécise côtoyant des émotions serrées dans une lumière d'oeil mais, dans chaque regard curieux d'adulte, je crois deviner la présence d'univers recréés, perchés et titubant sur des racines d'enfance. Des regards d'enfant dans des regards d'adulte, des regards d'adulte comme des regards d'enfant. Où qu'ils se portent. Des visions, me semble-t-il, enjouées ou nostalgiques, engagées dans la recherche et l'acceptation d'émotions fortes, aussi fortes que toutes celles nées d'un vécu bien réel. Sucrées, amoureuses, défiantes, combatives, toutes puissantes, pensives, ou bien différentes encore, indiscernables mais présentes, loin, toujours plus loin de leur réalité. Projection de ma part? Peut-être mais qu'importe. Il me semble que tout ceci est en accord avec ce que je regarde, ce que je vois.

 

Quand je décroche, quand cette soif de voir et de savoir s'amoindrit sans pour autant être contentée, les images sont là, persistantes dans un vrac qui m'emplit et me sature. La fête me ligote aussi l'esprit d'éclats de lumière, de pensées rêveuses, de paroles saisies dans le hasard des personnes croisées. Une mine à creuser dont le superficiel se plaque à moi comme une peau. 

Une corne retentit, celle d'un immense navire suspendu qui se balance sur un rythme de fausse tempête. Un aller-retour prévisible, dans lequel j'entrevois, dans un flottement de drapeau de pirate, mon abordage incessant par les images vues, regardées, gardées, mêlées à ces images anciennes d'une mémoire en éveil fouillant ses premiers germes.

 

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